Qu’est ce qu’une infection ostéo-articulaire complexe (IOAC) ?

Les Infections Ostéo-Articulaires Complexes (IOAC) comportent les infections sur prothèse ou sur matériel d’ostéosynthèse (clou, plaque, vis, fixateur), les infections post-traumatiques (fractures ouvertes) et les infections osseuses chroniques nécessitant des programmes chirurgicaux de reconstruction osseuse et de recouvrement associés à des traitements antibiotiques prolongés.

Sont aussi prises en charge préférentiellement dans les centres de référence les infections sévères des parties molles (muscles, nerfs, tendons, vaisseaux, peau et aponévroses) :

  • les phlegmons : infections développées dans un espace anatomique comme une gaine synoviale entourant les tendons ou un espace celluleux entre deux aponévroses.
  • les fasciites : infections de diffusion rapide dans les espaces celluleux, s’accompagnant d’une libération de toxine entraînant une altération rapide de l’état général avec état de choc.
  • les gangrènes : infections liées à une nécrose musculaire (myonécrose) d’origine bactérienne. Elles peuvent être productrices de bulles de gaz dans les parties molles (gangrène gazeuse). Elles surviennent le plus souvent sur des plaies souillées (Clostridium perfringens) ou après une intervention notamment en cas d’immunodépression ou de diabète.

D’autres infections du fait de leur gravité sont elles aussi prises en charge préférentiellement dans les centres de référence soit :

  • du fait de leur localisation (infection vertébrale ou spondylodiscite, notamment sur matériel)
  • du fait d’une gravité liée au germe (résistance aux antibiotiques, Bacille de tuberculose, levures)
  • du fait d’une fragilité du patient sur lequel survient ce type d’infection (immunodépression, diabète, cancer, handicap).

On estime à 3000 à 4000 cas par an le nombre de nouveaux cas d’IOAC en France. Elles peuvent être à l’origine d’hospitalisations prolongées et de séquelles graves, notamment en cas de déviance des protocoles de diagnostic et de traitement. Elles requièrent un personnel médical et paramédical spécifique compte-tenu de nombreux éléments :

 

  • difficultés liées au terrain (allergie aux antibiotiques, déficit immunitaire, diabète, interventions multiples)
  • difficultés liées au diagnostic (isolement difficile des germes responsables car souvent fragiles et à croissance lente, antibiothérapie préalable voire en cours),
  • difficultés microbiologiques (présence de bactéries résistantes, intolérance aux antibiotiques qui dans ce type d’infection doivent être utilisés à forte dose, infection à plusieurs bactéries),
  • difficultés chirurgicales (complexité des interventions notamment en cas d’échec préalable, problème de non consolidation, de couverture cutanée),
  • difficultés liées à la pathologie et ses aspects psychologiques (ancienneté de la pathologie, échecs répétés des traitements préalables, lourdeur des interventions et des séjours en réanimation, incertitude du résultat malgré le strict respect des règles thérapeutiques). Tous ces éléments font que malgré une grande rigueur dans la prise en charge, un certain nombre de patients sont en situation d’échec thérapeutique. À titre indicatif, le taux de succès pour le traitement d’une infection de prothèse totale de hanche est de 86% à 5 ans pour les patients pris en charge dans le centre de référence . Il faut ajouter à ces facteurs d’échec, la capacité des bactéries en cas d’infection osseuse de rester quiescentes et de donner lieu parfois de nombreuses années après un succès initial à un échec tardif (jusque 10 à 20 ans), soit avec le même pathogène soit avec une bactérie opportuniste (streptocoques).
Dernière mise à jour: 
4 avril 2010